Le marché immobilier français, en proie à une crise depuis 2022, n’a pas réussi à retrouver une dynamique en 2024. Malgré une baisse progressive des taux de crédit et des signaux encourageants, des facteurs politiques et économiques ont continué de peser lourdement. Entre un début d’année morose, un printemps prometteur, et un choc politique en juin, l’année a été marquée par des mouvements contrastés et une reprise fragile.
Depuis l’été 2022, la crise immobilière affecte profondément les transactions dans l’ancien. Les hausses brutales des taux d’intérêt en 2023 ont drastiquement limité l’accès au crédit, entraînant une baisse des volumes de ventes et une correction des prix.
Début 2024, la baisse progressive des taux de crédit offrait une bouffée d’air frais. Avec des banques devenant plus compétitives et des ménages voyant leur pouvoir d’achat s’améliorer, les conditions semblaient réunies pour une reprise. Cependant, la demande est restée insuffisante pour équilibrer le marché.
Les prix des appartements anciens ont continué à baisser dans plusieurs grandes villes. Lyon, par exemple, a enregistré une chute de 5,4 % sur l’année. Paris a vu ses prix baisser de 0,4 % au 1er janvier 2025, une nette amélioration comparée à la chute de 5,3 % en 2023.
Si certaines métropoles comme Marseille (+3,7 %) et Nice (+1,9 %) ont connu une hausse des prix, d’autres, comme Nantes (-6 %) et Lyon (-5,4 %), ont continué à voir leur prix chuter. Ces variations mettent en lumière les inégalités géographiques du marché.
Traditionnellement favorable à l’immobilier, le printemps 2024 n’a pas déçu entièrement. Les taux des crédits immobiliers, en baisse depuis plusieurs mois, ont stimulé une reprise timide. En avril et mai, le prix moyen au mètre carré a légèrement augmenté, atteignant 3.059 euros en juin. Cependant, cette embellie est restée inégale et limitée.
La dissolution surprise de l’Assemblée nationale en juin 2024 a provoqué un séisme sur le marché immobilier. Ce bouleversement politique a intensifié les incertitudes, poussant de nombreux acheteurs à suspendre leurs projets. Les professionnels ont également constaté des annulations dans les segments du luxe, pourtant historiquement résilients face aux crises.
Après une période estivale calme, marquée par les Jeux Olympiques, l’activité a repris à l’automne. Encouragés par un crédit moins cher et un ralentissement de l’inflation, les ménages ont retrouvé un intérêt pour la pierre. Cependant, cette reprise est largement portée par des ventes contraintes (mutations, divorces, décès), alors que les primo-accédants peinent toujours à entrer sur le marché.
Avec seulement 750.000 transactions attendues pour 2024, le marché a reculé de 14 % par rapport à 2023, une année déjà marquée par une baisse de 25 %. Ce ralentissement témoigne de la persistance des défis structurels : une demande affaiblie, des contraintes réglementaires et des incertitudes économiques.
La construction de logements neufs a continué de s’effondrer en 2024, creusant le décalage entre l’offre et les besoins croissants liés à l’urbanisation et à l’allongement de la durée de vie.
Les nouvelles normes énergétiques ont également affecté le marché. Les biens classés comme passoires thermiques voient leur prix chuter, les acheteurs anticipant les coûts élevés des rénovations nécessaires pour se conformer aux exigences réglementaires.
Si 2024 n’a pas marqué la fin de la crise, elle pourrait néanmoins préparer un terrain plus stable pour 2025. Les professionnels anticipent une reprise lente, conditionnée par la stabilisation politique et une confiance accrue des ménages. L’avenir du marché repose désormais sur une stabilisation politique et une dynamique économique plus favorable.