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taux en hausse

La situation du logement n’est pas au beau fixe. A une conjoncture économique déjà tendue, s’ajoute désormais une instabilité politique qui accentue les incertitudes. La démission de François Bayrou, alors en charge de la coordination gouvernementale autour du logement, vient fragiliser encore davantage un marché en perte de repères. Entre la flambée des taux d’intérêt et l’absence de cap politique clair, le logement en France est confronté à un cocktail explosif aux conséquences redoutées.

Une instabilité politique qui sème le doute

La chute du gouvernement Bayrou, intervenue à la veille des discussions budgétaires pour l’année 2026, a porté un coup dur aux espoirs de relance du secteur immobilier. Cette instabilité survient à un moment particulièrement délicat, alors que l’ensemble de la filière, du neuf à l’ancien, en passant par le parc locatif privé et social, est déjà en souffrance.

L’absence de gouvernance claire remet en question plusieurs réformes attendues. Parmi elles, la mise en place d’un nouveau statut pour les bailleurs privés, projet salué par les professionnels du secteur, semble désormais compromise. Cette mesure visait à relancer l’investissement locatif, un levier essentiel face à la crise du logement.

La hausse des taux : un frein massif à l’investissement

Sur le plan financier, les nouvelles ne sont guère plus rassurantes. Le taux de l’OAT (obligation assimilable du Trésor) à 10 ans, référence utilisée par les banques pour fixer les taux des crédits immobiliers, a dépassé les 3,6 % début septembre 2025, contre 3,2 % en juillet. Cette envolée, alimentée par les inquiétudes sur la dette française et par la dégradation de la note souveraine par l’agence Fitch, se répercute directement sur les conditions d’emprunt des ménages.

Conséquence : les taux de crédit immobilier, déjà élevés, pourraient franchir la barre symbolique des 4 % en 2026. Un seuil qui constituerait un véritable coup d’arrêt pour de nombreux projets immobiliers. En effet, une telle hausse réduit considérablement la capacité d’achat des ménages, alors que les prix dans certaines zones tendues restent élevés malgré la baisse des transactions.

Un marché en panne, du neuf à l’ancien

La hausse des taux frappe indistinctement l’ensemble du marché. Dans l’immobilier neuf, les promoteurs et constructeurs peinent à lancer de nouveaux projets, faute d’acheteurs solvables. Les ventes en bloc, souvent destinées au logement social, sont également en baisse, accentuant la pénurie d’offres.

Le marché de l’ancien, de son côté, connaît un léger rebond après deux années de forte tension, mais ce regain reste fragile. Les professionnels redoutent un nouveau retournement si les conditions de financement continuent de se durcir. Le manque de visibilité politique n’arrange rien : sans mesures incitatives et sans stabilité, les acheteurs comme les investisseurs préfèrent différer leurs décisions.

Des réformes en suspens et une filière dans l’attente

Le départ de François Bayrou laisse en suspens une série de réformes structurantes pour le logement. Sous l’impulsion de Valérie Létard, ministre sortante du Logement, plusieurs dispositifs avaient pourtant été sécurisés pour l’année à venir : maintien du prêt à taux zéro (PTZ), prorogation de MaPrimeRénov’, ajustement du diagnostic de performance énergétique (DPE), ou encore incitations fiscales aux dons familiaux.

Mais ces avancées restent insuffisantes face à l’ampleur de la crise. La transformation des bureaux vacants en logements, la lutte contre l’habitat dégradé ou encore le financement du Fonds national d’aide à la pierre sont autant de chantiers majeurs en attente d’une impulsion politique forte.

Le cri d’alarme des professionnels

« L’instabilité est catastrophique », s’alarment les acteurs du secteur. Les fédérations professionnelles, les promoteurs, les bailleurs sociaux et les entreprises du bâtiment tirent la sonnette d’alarme. Tous appellent à des décisions rapides et courageuses pour éviter un enlisement durable.

Le bâtiment, en particulier, reste très attentif au budget 2026. La réduction des aides à la rénovation énergétique, notamment la suppression des subventions « par geste », a déjà affaibli l’activité. Sans soutien massif, le secteur risque des pertes d’emplois et une contraction de l’offre, alors que la demande reste forte dans les grandes métropoles.

Quelles perspectives pour 2026 ?

Le constat est clair : sans amélioration rapide du climat politique et économique, le marché immobilier français pourrait s’enfoncer dans une crise prolongée. L’accession à la propriété devient de plus en plus difficile pour les classes moyennes, les investisseurs désertent le locatif, et les ménages modestes peinent à se loger.

Alors que les besoins en logements restent importants, notamment dans les zones tendues et pour les étudiants, la paralysie des institutions compromet toute avancée. Le gouvernement devra rapidement désigner une nouvelle équipe capable de restaurer la confiance et de relancer une politique du logement ambitieuse, cohérente et durable.


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