
Alors que le marché immobilier montre des signes de reprise en 2025, l’incertitude politique et économique pèse lourdement sur la confiance des ménages. Retour sur les enseignements d’un sondage Capifrance/OpinionWay qui révèle un climat de pessimisme profond, mais aussi une étonnante résilience chez certains profils.
Le marché immobilier français a entamé un timide rebond en 2025, avec une reprise des transactions dans l’ancien, soutenue par des conditions de crédit encore relativement favorables. Pourtant, cette dynamique se heurte à un mur d’incertitudes. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 par le président Emmanuel Macron, la scène politique française est marquée par une instabilité durable, aggravée par un contexte économique tendu.
Dans ce climat, Capifrance et l’institut OpinionWay ont sondé les Français pour mesurer l’impact de cette situation sur leurs intentions immobilières. Les résultats, publiés début décembre 2025, mettent en lumière une France inquiète, voire pessimiste, mais pas totalement résignée.
Selon l’enquête, 88 % des Français se disent pessimistes vis-à-vis de la situation politique actuelle, dont près de la moitié (46 %) très pessimistes. Sur le plan économique, 84 % expriment un ressenti négatif, illustrant une défiance généralisée à l’égard du climat ambiant.
Les plus de 50 ans, et particulièrement les retraités, apparaissent comme les plus inquiets. Ce pessimisme s’étend à la sphère socio-économique, notamment en matière de chômage, une thématique qui revient sur le devant de la scène après avoir été éclipsée par l’inflation.
Ce climat anxiogène se traduit directement dans les intentions immobilières des Français. 69 % doutent de leur capacité à investir dans l’immobilier, un chiffre encore plus élevé chez les femmes (76 %), les locataires (75 %) et les habitants des zones rurales.
Par ailleurs, 88 % redoutent une dégradation de leur pouvoir d’achat, tandis que 87 % anticipent une hausse des taux d’intérêt immobiliers. La perspective d’obtenir un crédit s’assombrit également pour 69 % des répondants, illustrant un effet de « double peine » : une conjoncture défavorable et une incertitude quant à l’avenir proche.
Fait paradoxal, alors que le taux d’épargne des Français reste historiquement élevé, 62 % des sondés s’inquiètent de leur capacité à épargner à l’avenir. Un indicateur supplémentaire de la perte de confiance dans les perspectives économiques du pays.
La perception du marché immobilier est également affectée. 85 % des Français estiment que l’instabilité actuelle aura un impact négatif sur l’immobilier, dont 27 % à court terme (moins d’un an). Ces inquiétudes sont encore plus prononcées en Île-de-France (91 %).
Localement, 6 Français sur 10 se montrent pessimistes vis-à-vis de l’évolution du marché dans leur région, tandis que 59 % le sont pour leur propre ville. Fait notable : seules 25 % des personnes interrogées observent une baisse des prix là où elles résident, ce qui contribue à alimenter l’impression d’un marché inaccessible.
Les principaux obstacles cités par les ménages sont :
Dans ce contexte, seuls 36 % estiment que c’est un bon moment pour acheter, et 33 % pour vendre, traduisant une frilosité généralisée.
Malgré ce tableau sombre, un élément vient nuancer le pessimisme ambiant : 4 Français sur 10 déclarent vouloir concrétiser un projet immobilier dans les deux ans. Ces projets incluent l’achat (24 %), la vente (21 %), la location pour soi (23 %) ou la mise en location d’un bien (18 %).
Cette dynamique est particulièrement forte chez les 18-34 ans, dont plus d’un tiers projette un achat immobilier à court terme. En revanche, chez les plus de 65 ans, moins d’un sur dix envisage un tel projet.
Selon Philippe Buyens, directeur général de Capifrance, cette vitalité chez les jeunes s’explique en partie par leur dépendance aux aides publiques comme le prêt à taux zéro (PTZ) et leur sensibilité aux variations des taux. Cela montre que, malgré les incertitudes, la demande reste vive, mais conditionnée à des leviers d’accessibilité.
Pour les acteurs de l’immobilier, l’enjeu est donc clair : accompagner les ménages dans cette période complexe, sécuriser leurs parcours d’achat ou de vente, et miser sur les leviers incitatifs pour relancer une dynamique plus large.