Le marché de l’immobilier ancien semble reprendre des couleurs en 2025. Après plusieurs années de baisse, les prix repartent à la hausse et les transactions augmentent. Pourtant, derrière cette embellie apparente, la prudence reste de mise : les français, échaudés par une conjoncture incertaine, se montrent plus que jamais hésitants. Entre reprise timide, acheteurs volatils et disparités régionales, décryptage d’un marché encore fragile.
Selon les derniers indices SeLoger – MeilleursAgents, relayés par Les Échos, les prix de l’immobilier ancien ont progressé de 0,2 % en juin 2025, portant la hausse à 1 % sur le premier semestre. Ce redressement s’inscrit dans la continuité du rebond observé depuis l’été 2024. La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) table désormais sur 945.000 transactions pour l’année, soit une hausse de 10 % par rapport à 2024.
Le réseau Century 21 confirme cette tendance positive, évoquant une augmentation des ventes dans toutes les régions – une première depuis la réforme territoriale de 2015. Le réseau Espaces Atypiques, de son côté, enregistre une progression spectaculaire de 26 % des ventes en un an.
Malgré ces bons chiffres, l’ambiance sur le terrain reste tendue. Les professionnels de l’immobilier témoignent d’un marché encore fébrile. Alexandra Verlhiac, économiste chez MeilleursAgents-Se Loger, pointe « un haut niveau d’incertitude législative, macroéconomique et internationale ».
La légère remontée des taux d’intérêt en mai, atteignant 3,1 % en moyenne, a aussi refroidi les ardeurs. Couplée à des difficultés de pouvoir d’achat persistantes, cette hausse renforce la prudence des acheteurs. « Nous n’avons jamais eu autant d’acheteurs volatils », observe Julien Haussy, président d’Espaces Atypiques. Beaucoup visitent, questionnent, mais se rétractent au moindre doute.
Deux zones géographiques tirent le marché vers le haut : Paris et les campagnes. Dans la capitale, les prix ont augmenté de 1,4 % depuis janvier, retrouvant leur niveau de l’automne 2023. Certes, ils restent inférieurs de 11,5 % à ceux d’avant la crise sanitaire, mais le dynamisme revient, comme le confirme Century 21.
Les zones rurales continuent également sur leur lancée avec une hausse de 2,4 % au premier semestre. Moins touchées par la crise, elles séduisent toujours autant les acheteurs en quête d’espace et de qualité de vie.
Dans le reste de l’Île-de-France, la reprise reste plus mesurée : +0,5 % en petite couronne, +0,2 % en grande couronne. Toutefois, certaines zones comme la Seine-et-Marne se démarquent (+1,7 % depuis janvier). L’activité repart nettement dans les Hauts-de-Seine et la Seine-et-Marne, contrairement à la Seine-Saint-Denis, plus en retrait.
Pour Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt, l’Île-de-France devient « la région la plus dynamique », avec une hausse des ventes de 19 % sur un an. Ce réveil régional suit la reprise amorcée à Paris fin 2024.
Hors Île-de-France, la situation est plus nuancée. Les prix stagnent dans les dix plus grandes villes (-0,1 %) et progressent légèrement dans les cinquante plus grandes (+0,4 %). Certaines villes tirent toutefois leur épingle du jeu : Dunkerque (+7,3 %), Besançon et Reims (+7 %), Angers (+5,7 %), mais aussi Brest, Saint-Nazaire ou Le Mans avec des hausses entre 4 % et 4,5 %.
À l’opposé, plusieurs villes du Sud connaissent une baisse notable. Nîmes chute de 6,5 % sur un an, et les prix reculent également à Béziers, Toulon, Nice ou Aix-en-Provence. D’autres villes comme Bourges, Colmar ou Orléans affichent aussi un repli de l’ordre de 3 % à 5 %.
Malgré ces disparités, le climat général tend vers une normalisation. Loïc Cantin (Fnaim) souligne le retour à des indicateurs plus équilibrés : le taux de rotation immobilier remonte, et l’évolution des prix suit désormais l’inflation.
Les primo-accédants représentent toujours un tiers des acheteurs, et les banques ont rouvert le robinet du crédit, favorisant les projets. Toutefois, la prudence reste de mise. Pour Yann Jéhanno, « il est prématuré de parler de reprise solide ». Le redémarrage est conjoncturel, soutenu par la baisse passée des prix et des taux, mais il doit encore se consolider. L’évolution reste d’ailleurs très contrastée selon les territoires, avec des villes en plein essor et d’autres en repli. Pour les professionnels comme pour les particuliers, la clé sera désormais de rester vigilants, tout en s’adaptant.